Portraits de rues à Saint-Etienne

Portrait de rue à Saint-Étienne.

On a l’habitude de dire que les stars sont intouchables ! Ce sont leurs vies pourtant qui s’étalent en gras sur les journaux et les écrans. Avec le temps, nous les connaissons dans les moindres détails. Ceux qui sont les plus exotiques aujourd’hui et réellement intouchables, ce sont les inconnus que nous croisons juste à coté de chez nous. L’espace publique de référence, la rue, n’est plus qu’un espace de circulation mettant en présence des inconnus qui ont perdu le désir de se rencontrer. La rue, c’est le lieu du commun, où il ne se passe rien, où l’on transite de connaissance en connaissance. Il faut du courage pour arrêter quelqu’un et lui demander si l’on peut le prendre en photo. «Quelle idée bizarre ! Demandez plutôt à un autre, je ne suis pas photogénique ! Vous trouvez que j’ai une tête spéciale ? Mais tout le monde a une tête spéciale madame!» lui dis-je.

Les frontières entre les gens sont minces mais paraissent infranchissables ! On a peur de briser ces interdits, tacites, qui nous tiennent chacun à distance ; cette impressions de passer pour l’original à l’appareil. « C’est vous qui prenez tous les gens en photo dans le coin ? Oui, c’est moi. Ah ouais, c’est marrant votre truc là… »

Aborder quelqu’un dans la rue n’est jamais chose facile. Loin des constructions gigantesques qui rassemblent les peuples dans des organisations, nous vivons, nous, habitant physique d’une ville concrète, très près les uns des autres. On sort dans les mêmes endroits, on voit les mêmes choses. Et pourtant. Si ce n’est dans le cadre du travail ou d’une transaction commerciale, nous ne nous adressons que rarement la parole. Lorsqu’on ne se connaît ni par le nom ni par l’usage, nous prenons grand soin de nous éviter. Pour être large, un quart d’heure suffit pourtant pour qu’un inconnu n’en soit plus un. Il vous parle. Vous échangé quelques impressions, sans aucune prétention. Répétez l’expérience est c’est un vrai roman !
Pour cette série, l’important n’est pas tant le naturel que la mise en scène des gens qui traverse la ville. Ceux qui, par comparaison au gens célèbres, se disent sans importance médiatique, et qui font parti de cette masse informe qui rassemble les gens du commun. Et pourtant, une fois mis en scène, ce commun devient extraordinaire. Ce sont, à travers ces portraits, de véritables stars que nous rencontrons, passant des rues de Saint-Étienne ou d’ailleurs.

Tous ces gens acceptent de se laisser mettre un nom, une tête. Comme un photomaton, mais à l’usage de tous et non jalousement gardé dans les cercles de la familles ou des amis. Un miroir dans lequel se reconnaître. Non pas par un transfert quelconque, mais parce qu’alors l’unicité de chacun nous rends à la fois si différents et tellement semblables. Voici un panel que l’on retrouve sous forme de chiffres dans l’espace public médiatique. A travers les sondages nous sommes consommateurs ou électeurs, chômeurs en fin de droit, SDF ou cadre supérieur, de profession libérale et ayant tant d’enfants par femme…. Mais ici ce sont des gens, la chair et l’os de tous les mots, chiffres et concepts qui veulent expliquer toujours mieux qui sont les français.